- Je ne vais pas toucher à l’herbe à chat, me dit-il. C’est toi qui va venir l’enlever brin par brin. Et tu le feras nue.
- Dans tes rêves.
Et je le pensais.
- Tu as bien conscience qu’il s’agit d’une déclaration de guerre.
- Peu importe.
Je raccrochai et soupirai bruyamment.
Le caniche de guerre me jeta un regard perplexe.
- Je suis amoureuse d’un crétin.
Le chien détourna la tête.
Attends qu’il remarque que j’ai condamné son baisodrome.
Il couina doucement.
- Je n’ai pas besoin de tes critiques. Si tu arrives à passer une journée sans vomir ou détruite mon appartement, j’écouterai éventuellement ce que tu as à dire. D’ici là, garde tes opinions pour toi.
Je me laissai retomber sur mon lit et plaquait un oreiller sur mon visage. Je venais d’avoir une conversation avec un caniche et de l’accuser de me critiquer. Curran avait fini par me rendre folle.
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Le téléphone sonna. Je décrochai.
- Tu es assise ? demanda Curran.
- Oui.
- Bien.
Clic.
Il avait raccroché. S’il voulait que je sois assise, j’allais me relever. Je m’exécutai. La chaise se leva avec moi et je me retrouvais penchée sur mon bureau, la chaise collée aux fesses. Je posai les mains sur les accoudoirs et essayai de le décoller. Rien à faire.
J’allais le tuer. Lentement. Et j’allais me délecter de chaque seconde.
[…]
- Hmmm… Myrtille.
J’étais en train d’imaginer sa tête exploser.
- Difficile de protéger sa nourriture quand on a le cul collé quelque part, dit-il en me saluant avec le beignet. Quand tu seras prête à me parler, appelle-moi. Tu connais le numéro.
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Des images de la nuit me revinrent à l’esprit et mon cerveau s’arrêta net.
Curran rit.
- Tu es tombée à court de répliques mordantes ?
- Chut. J’essaie d’en trouver une.
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Andrea baissa la voix.
- Raphael a entendu d'autres rumeurs à propos de la salle de sport.
Curran me jeta un regard.
Il fallait que je l'arrête avant qu'elle ne dise quelque chose que Raphael regretterait.
- Ce n'est pas le meilleur moment...
- Ecoute, je suis en train de me cacher dans l'armurerie avec le téléphone, à fixer la porte et à murmurer pour que personne ne m'écoute. J'ai l'impression d'être un gosse qui sèche les cours pour se réfugier et fumer un joint. Le moins que tu puisses faire, c'est m'écouter. Raphael dit que Curran est resté sur le banc pendant quinze minutes à essayer de hisser la barre de poids alors qu'elle était soudée.
Le visage de Curran prit une expression indéchiffrable.
- Ah, répondis-je.
C'était bien comme mot, "ah". Ca restait neutre.
- Il l'a cassé.
- Pardon ?
- Il a cassé la barre. Et ensuite, il a détruit le banc avec la barre. Il a tout réduit en miettes.
Tuez-moi, par pitié.
- Ah.
- Il doit être frustré. Ce type est instable. Fais gaffe à toi, OK ?
- Promis. Merci.
Je raccrochai et levai les yeux vers lui.
- Tu as cassé le banc.
- C'est toi qui l'a cassé. J'ai juste terminé le travail.
- Ce n'était pas une de mes meilleures idées...
Il haussa les épaules.
- Non. Je n'ai pas compris jusqu'à ce que je voie l'herbe à chat. Je croyais que tu voulais me provoquer. C'était inattendu. (Il grogna dans sa barbe). Je vais museler Raphael.
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- On ne choisit pas la famille dans laquelle on naît. On choisit celle que l’on fonde. J’ai déjà choisi ma compagne et je lui ai collé le cul sur une chaise pour être sûr qu’elle le sache.
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- Partez.
J’eus juste le temps de cligner de l’œil et l’escalier était vide.
Curran me souleva.
- Qu’est-ce que tu crois que tu fais ?
- Personne ne va te voir. Ta réputation est intacte. Il n’y a plus que toi et moi.
Je regardai Derek.
- Il n’a rien vu, dit Curran en me faisant passer la porte.
- Je n’ai rien vu, confirma Derek en refermant la porte.
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- Concentre-toi. Jennifer, Tante B et Doolittle vont faire un rapport à Curran ce matin.
Salut, Votre Majesté, on a drogué votre choubidou d’amour et on l’a laissé sortir en pleine nuit, seule dans la neige. Son appartement est détruit et on ne sait pas trop où elle se trouve…
- Il va lui falloir beaucoup d’assiettes en métal.
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Il pencha la tête. Son cou était si proche de mes lèvres que je pouvais sentir la chaleur de sa peau, ainsi que celle de sa respiration contre mon oreille.
Il lâcha un grognement.
- Tu me manques.
Je devais être en train de rêver.
- Je m’inquiète pour toi. (Il pencha la tête pour me regarder dans les yeux.) J’ai peur qu’il t’arrive quelque chose de stupide et que je ne sois pas là, et que tu disparaisses. J’ai peur qu’ont n’ait même pas le temps de se donner une chance, et ça me rend dingue.