3 Juin 2015
P. 216
- Le soir de la course, quand tu es partie, j'ai appris qu'Eric te cherchait. Je ne t'ai pas appelé parce que je pensais qu'il valait mieux qu'on ne se revoie pas. Je ne voulais pas que ce salaud te retrouve en me pistant. Mais dès que j'ai su qu'il t'avait retrouvée quand même, je me suis manifesté, souviens-toi.
Elle n'a cessé de secouer la tête en m'écoutant.
- Tu lui as dit que je n'étais rien pour toi ! me crie-t-elle. Du coup, je hausse moi aussi la voix. Mais elle est bouchée ma parole ! Je ne vais pas me laisser faire !
- C'était pour te protéger !
Elle pose ses deux mains sur mon torse pour me repousser.
- Tu aurais au moins pu m'appeler pour me dire ça. J'ai attendu ton coup de fil, moi. Tu prétends que je compte pour toi, mais tu m'as traitée comme si c'était tout le contraire. Et ensuite, le comble, tu m'as jeté ta petite amie à la figure.
Ma petite amie ?
- Mais de quoi tu parles ?
- De Beth, marmonne-t-elle entre ses dents.
- Beth n'est pas ma petite amie ! je hurle.
La brouhaha des conversations se tait autour de nous. On hatèle tous les deux, comme si on venait de courir des kilomètres. Je regrette aussitôt de m'être énervé. Restons calme.
- Qu'est-ce que tu attends de moi ? je demande.
Je m'y prends mal avec elle. Je suis vraiment nul. Aussi nul qu'avec Beth.
Elle détourne la tête et son regard se perd dans la nuit. Elle ne dit rien. Pas un mot. Elle semble absorbée dans ses pensées.
Marre ! Je suis là, devant elle, le coeur en morceaux, et elle a l'air de s'en foutre complètement.
- T'as pas le droit de continuer à m'ignorer, Rachel. Tu peux prétendre qu'on est seulement amis, mais ça ne changera rien au fait que j'ai tout le temps envie de t'embrasser. La nuit, je rêve de toi. De te serrer dans mes bras. Tu me plais. Beaucoup trop. Et ça me fout une trouille dingue.
Je me mets à trembler et mon instinct me hurle de prendre mes jambes à mon cou. Ce que je ressens est trop violent, trop inhabituel, trop dangereux. Elle lève les yeux vers moi, mais demeure silencieuse. Mon coeur se serre. Au fond, elle n'éprouve rien pour moi. J'ai blessé son orgueil, mais c'est tout.
Je n'en peux plus. Tout ça me dépasse.
- Oublie, je murmure, tout en évitant son regard et en m'écartant.
P.231
Au bout de quelques mètres, mon téléphone sonne et je jongle avec le petit pain pour décrocher avant que le répondeur ne se déclenche. Tout en avalant une bouchée, je réponds.
- Allô ?
- Rachel ? dit la voix d'Isaiah.
Je fais volte-face. Il est toujours dans le parking, adossé à sa Mustang.
- Oui ?
- Tu vois je t'appelle, comme promis.
Une joie incroyable explose en moi et je me sens si légère que j'éprouve le besoin de vérifier que mes pieds touchent bien le sol.
- Oui, je vois. Merci. Ca me fait vraiment plaisir.